d'une représentation partagée de l'institution

Perdu dans une assiette de pâtes (alimentaires[1]), mon cousin demande du haut de son mètre dix-sept des explications au sujet de mon enfermement dans le pigeonnier. Loin de vouloir briser ses rêves d'enfant et écorcher vif son petit monde rose fleuri, je prends la peine de lui présenter très brièvement le sujet de mon mémoire que je rédige gentiment là-haut, tout en prenant garde de ne pas lui souffler mot des vraies raisons de mon isolement, à savoir une légère aversion pour les cris stridents de la gent enfantine telle que je la conçois et dont il est un des plus dignes représentants - un véritable prototype, que dis-je! Emballé comme tout - il est bien ce petit - le gamin braille que, lui aussi, il ira à l'université. Quelques secondes plus tard, une nouvelle question le taraude, qu'il m'assène comme un coup de batte renforcée par des implants d'alliage : "Et tu vas faire quoi comme métier, Denis?". Jolie question, petit, et je lui réponds que je ne sais pas encore, on verra bien. Lui, par contre, est terriblement fixé sur son sort futur: "Moi, je sais. Je serai policier!".

Et là, mon père et moi, à l'unisson : "Ah, tu ne devras pas aller à l'université alors. (Microseconde de sourire). Tu peux même déjà arrêter d'aller à l'école...". Avant de stopper le rire découlant de cette spirituelle communion en nous rappelant qu'il y a des institutions coercitives dans ce vaste monde, que les enfants doivent les connaître et les respecter, etc.

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[1] Il faut préciser j'ai lu récemment que le père de Germain Nouveau subvenait aux besoins de sa famille en travaillant pour un fabriquant de pâtes alimentaires. C'est vrai qu'on aurait pu confondre, mais l'expression m'amuse, voyez-vous.